Pour préparer votre retraite, deux produits se dégagent nettement : le PER et l’assurance-vie. Bien que similaires sur certains points, ces deux enveloppes diffèrent aussi largement à de nombreux niveaux. Il est donc primordial de bien comprendre les deux pour faire le « bon » choix, selon votre situation. Voyons ensemble comment choisir entre PER et assurance-vie. D’ailleurs, faut-il vraiment choisir ?
Sommaire
Assurance-vie ou PER : les points communs
Assurance-vie et PER ont de nombreux points communs. Ils peuvent tous deux répondre à des objectifs similaires : constitution d’une épargne, recherche de rendement, préparation de la retraite, financement d’un projet immobilier…
Est-ce que le PER est, alors, une assurance-vie ? Pas exactement, même si son fonctionnement est assez similaire, à certains niveaux, à celui de l’assurance-vie. Il donne par exemple accès aux mêmes supports d’investissement (fonds euro et unités de compte).
Ces deux supports d’épargne ont tous deux une fiscalité qui leur est propre, que ce soit pendant la vie du contrat ou à la sortie.
En outre, il s’agit de deux placements « souples », accessibles à toute personne quelle que soit son activité (salariés, travailleurs non salariés, demandeurs d’emploi…). La souplesse s’entend aussi au niveau de leur alimentation : l’épargnant fait des versements ponctuels ou programmés quand il le souhaite, à son rythme. Aucun plafond de versement n’est prévu, ni pour l’un, ni pour l’autre.
Le PER et l’assurance-vie offrent aussi les mêmes modalités de sortie. L’épargnant pourra choisir, à la liquidation, entre :
- Un capital (y compris fractionné),
- Une rente viagère,
- Une combinaison des deux.
Pour le PER comme pour l’assurance-vie, le titulaire choisit un (ou plusieurs) bénéficiaire qui recevra le capital (ou la rente) à son décès, le tout dans ces conditions fiscales avantageuses. Si le bénéficiaire désigné est le conjoint survivant, ce dernier percevra le capital en totale exonération fiscale, peu importe qu’il provienne d’une assurance-vie ou d’un plan épargne retraite.
Quelles différences entre PER et assurance-vie ?
Le PER est un produit spécifiquement conçu pour préparer la retraite. L’assurance-vie est plutôt une « enveloppe d’épargne » et peut répondre à un spectre d’objectifs plus large : rendement, optimisation de la succession, financement des études des enfants…
Sur un PER, l’épargne est bloquée jusqu’à la retraite, hors accident de la vie ou achat de la résidence principale permettant le déblocage de l'épargne. L’assurance-vie est un placement liquide : l’épargnant peut faire un rachat (un retrait) total ou partiel à tout moment.
L’assurance-vie donne aussi accès à un plus large éventail de modes et d’options de gestion (du capital versé sur le contrat) : gestion libre, pilotée, gestion déléguée… De base, le PER est en gestion profilée : l’épargnant voit son épargne gérée par des professionnels, lesquels se basent sur son profil (prudent, équilibré ou dynamique) et son horizon retraite. Le nombre de supports financiers accessibles est aussi, en général, supérieur en assurance-vie.
Grosse différence aussi : les versements faits sur un PER sont déductibles des revenus, ce qui n’est pas le cas en assurance-vie. Cette dernière « se rattrape » au moment du décès de l’assuré, du fait de sa fiscalité avantageuse à ce moment-là.
PER | Assurance-vie | |
---|---|---|
Finalité | Préparation de la retraite | Multiple : Préparation de la retraite Capitalisation Enveloppe d'actifs Optimisation de la succession ... |
Disponibilité des fonds | À la retraite (6 cas de déblocage anticipé) | Rachat partiel ou total possible à tout moment |
Gestion du contrat | Gestion profilée (gestion libre sur option) | Nombreux modes et options de gestion |
Fiscalité pendant la vie du contrat | Déductibilité fiscale des versements | Pas de déductibilité des versements Fiscalité avantageuse en cas de rachat |
Fiscalité à la sortie | Dépend de l'âge du décès | Dépend de l'âge des versements |
Transfert | Oui | Non (rachat) |
Assurance-vie ou PER : quel produit pour quels objectifs ?
Rechercher du rendement avec un PER ou une assurance vie
PER comme assurance-vie peuvent tous deux répondre à un objectif de rendement, puisqu’ils donnent accès aux mêmes supports : fonds euro sécurisé et unités de compte (UC). À ce titre, l’éventail d’actifs est souvent plus large en assurance-vie : FCP, OPCVM, immobilier, trackers… Sur un PER, l’offre de fonds est souvent plus limitée.
Les rendements du fonds en euros sont en baisse constante depuis des années (environ 1,5 % en 2020, selon les contrats). Les UC ont un potentiel de rentabilité bien supérieur, mais elles ne présentent aucune garantie en capital : vous pourrez donc perdre de l’argent.
L’assurance-vie offre une grande liberté quant à la gestion. Vous pouvez gérer vos actifs vous-même, mettre en place des modes et options de gestion, la confier totalement à une société de gestion… Sur un PER, c’est la gestion profilée qui prime, à moins que vous ne souhaitiez opter pour la gestion libre.
PER et assurance vie : deux fiscalités favorables
À ce niveau, le PER et l’assurance-vie sont tous deux intéressants, mais pas « au même moment ».
Le PER bénéficie d'une fiscalité intéressante surtout lorsque vous l’alimentez : les versements sont déductibles de vos revenus. Cela vous permet donc de réduire votre impôt.
L’assurance-vie ne permet pas cela, mais offre une fiscalité très avantageuse à la sortie, c’est-à-dire lors des rachats (partiels ou totaux). Seuls les gains sont imposés et après 8 ans, un abattement fiscal annuel est prévu. La fiscalité lors de la transmission du capital est aussi l’un de ses points forts.
Pour résumer :
- Si vous êtes fortement imposé et souhaitez réduire votre impôt tout en préparant votre retraite, le PER est tout indiqué,
- Si votre but est de vous constituer des revenus complémentaires ou de transmettre un capital dans des conditions fiscales profitables, préférez l’assurance-vie.
Assurance vie et PER pour conserver une épargne liquide
À ce niveau-là, avantage assurance-vie. Si la liquidité est un critère important pour vous, fuyez le PER.
En assurance-vie, le rachat partiel ou total est possible à tout moment. Sur un PER, l’épargne est bloquée jusqu’à la retraite. Seuls 6 cas de déblocage anticipé, fixés par la loi, peuvent permettre de récupérer les fonds :
Cas de déblocage | Précisions |
---|---|
Décès du conjoint ou du partenaire de PACS | Ne fonctionne pas pour le concubinage |
Invalidité de l’épargnant, de son conjoint marié ou pacsé ou d'un enfant | Invalidité de 2ème ou de 3ème catégorie |
Surendettement de l'épargnant | Commission de surendettement |
Fin des droits au chômage | / |
Cessation d'une activité non salariée | Liquidation judiciaire |
Achat de la résidence principale | / |
PER ou assurance-vie : quelle est la meilleure solution pour la retraite ?
Les deux produits sont intéressants et présentent des avantages non négligeables pour votre retraite.
Comme son nom l’indique, le PER est un produit spécifiquement conçu pour la préparation de la retraite. Vous épargnez à votre rythme en faisant des versements ponctuels ou réguliers. Une fois le jour J arrivé, vous sortez, au choix, en capital, en rente ou en combinant les deux.
L’assurance-vie peut aussi répondre à cet objectif. Bon nombre d’épargnants optent pour cette enveloppe d’épargne afin de se constituer des revenus complémentaires à la retraite. Ils peuvent ainsi, à ce moment-là, faire des rachats partiels ponctuels ou programmés, le tout dans de bonnes conditions fiscales. Le capital constitué pourra aussi être transformé en rente.
Niveau fiscalité, pour une sortie en capital :
- Pour l’assurance-vie, seule la fraction du rachat correspondant aux gains et intérêts est imposée. La fiscalité dépendra de la date des versements : avant ou après septembre 2017. Si le contrat a plus de 8 ans, un abattement fiscal annuel de 4600 euros (sur les intérêts toujours) est prévu. Il sera donc possible de retirer chaque année une somme confortable en totale exonération fiscale.
- Pour le PER, si les versements ont été déduits pendant la vie du contrat, la part correspondant aux versements est imposée à l’impôt sur le revenu et les gains au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % (sauf option pour l’IR). Si les versements n’ont pas été déduits, la part correspondant aux versements est exonérée et le PFU est appliqué sur les gains (toujours sauf option pour l’IR).
Pour une sortie en rente :
- Pour une assurance-vie, la rente est soumise au régime des rentes viagères à titre onéreux. Un abattement est donc prévu, selon l’âge du rentier. La rente n’est imposée, par exemple, que sur 30 %. C’est l’impôt sur le revenu (+ les prélèvements sociaux) qui s’applique ici.
- Pour le PER, tout dépend là encore du fait que les versements ont été déduits ou non. Si oui, la rente est soumise à l’impôt sur le revenu après un abattement de 10 %. Si non, tout comme pour l’assurance-vie, c’est le régime des rentes viagères à titre onéreux qui s’applique (abattement selon l’âge).
Assurance-vie et PER : que se passe-t-il en cas de décès ?
Le PER et l’assurance-vie sont liquidés au moment du décès. Le capital (ou la rente) est alors versé au bénéficiaire désigné par l’assuré. S’il s’agit du conjoint survivant, le transfert se fait sans aucune fiscalité. Si c’est un autre bénéficiaire qui a été désigné (un enfant par exemple), les règles sont différentes. À ce niveau, le PER est légèrement moins intéressant, en termes de succession, que l’assurance-vie.
Pour l’un et l’autre de ces produits, l’âge à retenir est celui de 70 ans.
Pour l’assurance-vie, on distingue les versements faits par l’assuré avant ses 70 ans de ceux faits après. Pour ceux réalisés avant, chaque bénéficiaire dispose d’un abattement fiscal de 152 500 euros sur la part qu’il reçoit. Au delà, la taxation est de 20 % entre 152 500 et 852 500 euros, et de 31,25 % pour la fraction dépassant cette somme. Pour les versements réalisés après 70 ans, les bénéficiaires se partagent un abattement unique et global de 30 500 euros. Les droits de succession s’appliquent ensuite. Les intérêts ne sont dans ce cas pas défiscalisés.
Pour le PER, on ne prend pas en compte l’âge des versements mais l’âge du décès : avant ou après 70 ans. Les règles sont les mêmes que celles de l’assurance-vie, si ce n’est qu’en cas de décès de l’épargnant après 70 ans, les intérêts ne sont pas défiscalisés.
Assurance-vie et PER : peut-on détenir les deux ?
Quel est l’intérêt du PER si l’on est déjà titulaire d’une assurance-vie ? Peut-on transformer un PER en assurance-vie ? Ou l’inverse ?
La première chose à savoir est que vous n’avez pas à choisir entre PER et Assurance-vie. Ces deux produits sont en fait très complémentaires, parce qu’ils vous permettent de répondre à des objectifs différents. Chacun a ses avantages propres.
Si vous êtes lourdement imposé, vous pouvez par exemple vous servir du plan épargne retraite pour minorer votre impôt, tout en préparant activement votre retraite future. Rien ne vous empêche, en parallèle, d’alimenter votre assurance-vie, plus liquide. N’oubliez pas qu’après 8 ans, votre contrat sera à maturité fiscale : vous aurez droit à l’abattement annuel sur la part d’intérêts retirés.
Le choix de l’une ou l’autre de ces enveloppes doit se faire au regard de votre situation personnelle, professionnelle et patrimoniale. N’hésitez pas à en parler à votre conseiller habituel.
Jusqu’à janvier 2023, vous pouvez transférer votre assurance-vie vers votre PER tout en profitant d’un abattement fiscal doublé si elle a plus de 8 ans (9200 euros d’abattement sur les gains et intérêts contre 4600 euros habituellement).
FAQ
Oui, rien ne vous empêche de détenir ces deux produits. Cela est même intéressant car ils peuvent répondre à des objectifs différents.
L'assurance-vie et le PER vous donnent accès aux mêmes types de supports financiers. En soi, il n'y en a donc pas un plus rentable que l'autre.
Oui, cela est possible et même intéressant fiscalement jusqu'à 2023.
Un expert vous répondra