Litige d'assurance, les dix choses Ă  savoir

litige assurance

La vie d’un contrat d’assurance n’est jamais « un long fleuve tranquille ». Au cours de sa durĂ©e de validitĂ©, toutes sortes d’évĂ©nements peuvent arriver, heureux ou malheureux, lĂ©gers ou graves. En toutes circonstances, l’assurĂ© a des droits et des devoirs, qu’il doit connaĂźtre pour optimiser les garanties prĂ©vues par son contrat.

L’assureur augmente les cotisations

Lorsque le contrat d’assurance comporte une clause de « rĂ©vision des cotisations », l’assureur a le droit d’augmenter ses tarifs. DĂšs que l’assurĂ© prend connaissance de l’augmentation, il dispose d’un dĂ©lai de 15 jours ou un mois, selon les contrats, pour demander par lettre recommandĂ©e la rĂ©siliation de son contrat pour cause d’augmentation des tarifs.

Dans ce cas, le contrat prend fin un ou deux mois aprĂšs la date d’envoi ou de rĂ©ception de la lettre (toujours selon les contrats). L’assureur peut exiger le paiement de la partie de cotisation due au prorata de la pĂ©riode d’assurance dĂ©jĂ  Ă©coulĂ©e mais calculĂ©e selon l’ancien tarif.

Si le contrat ne comporte pas de clause de rĂ©vision des cotisations, l’assureur n’a pas le droit de modifier son tarif sans l’accord de l’assurĂ©. Dans ce cas, l’assurĂ© peut refuser l’augmentation de cotisation et exiger de payer l’ancien tarif. Mais, dans cette hypothĂšse, c’est l’assureur qui a le droit de rĂ©silier le contrat Ă  l’échĂ©ance annuelle suivante.

L’assurĂ© demande une extension de ses garanties

Lorsqu’un contrat d’assurance prĂ©voit de couvrir certains risques et que l’assurĂ© souhaite Ă©tendre cette couverture Ă  d’autres risques ou Ă  d’autres personnes, on parle d’« aggravation du risque » (article L. 113-4 du Code des assurances). Dans ce cas, la loi autorise l’assureur soit Ă  rĂ©silier le contrat, s’il refuse d’assurer ce nouveau risque, soit Ă  augmenter le prix de la cotisation d’assurance.

De son cĂŽtĂ©, l'assurĂ© dispose de 30 jours Ă  compter de la notification des nouvelles conditions, pour accepter ou refuser le nouveau tarif. S’il le refuse, il peut demander soit Ă  revenir aux termes du contrat prĂ©cĂ©dent, soit Ă  le rĂ©silier et Ă  changer d’assureur. Le courrier de l’assureur doit rappeler l’ensemble de cette procĂ©dure.

L’assurĂ© demande une diminution de ses garanties

Lorsqu’un assurĂ© change de situation et que les risques qu’il souhaite couvrir sont moins importants qu’avant, il s’agit au contraire d’une diminution du risque. Dans ce cas, l’assureur doit diminuer le montant de la cotisation. S’il refuse, l’assurĂ© a le droit de rĂ©silier le contrat. Et dans ce cas la rĂ©siliation prend effet 30 jours aprĂšs la dĂ©nonciation faite par l’assurĂ© (article L. 113-4 du Code des assurances).

L’assurĂ© fait une fausse dĂ©claration non intentionnelle

On parle de « fausse dĂ©claration non intentionnelle » lorsqu’un sinistre se produit et que l’assureur dĂ©couvre Ă  cette occasion que les informations donnĂ©es par l’assurĂ© pour Ă©tablir le contrat d’assurance Ă©taient erronĂ©es. Autrement dit l’assurĂ© a versĂ© un niveau de primes qui lui assuraient Ă  une couverture inadĂ©quate par rapport au bien Ă  assurer.

Dans cette hypothÚse, l'assureur a plusieurs possibilités, il peut :

  • RĂ©duire son indemnisation en proportion du taux des primes qui auraient dĂ» ĂȘtre payĂ©es, si le risque avait Ă©tĂ© correctement apprĂ©ciĂ© ;
  • Maintenir le contrat tout en augmentant les primes ;
  • RĂ©silier le contrat, dix jours aprĂšs une notification adressĂ©e Ă  l’assurĂ© par lettre recommandĂ©e avec AR. Mais dans ce cas il doit restituer la quote-part de prime dĂ©jĂ  payĂ©e par l’assurĂ©, pour la pĂ©riode non couverte par l’assurance.

L’assurĂ© cesse de verser ses primes

Tout assurĂ© est tenu de rĂ©gler sa prime d’assurance dans les dix jours qui suivent la date d’échĂ©ance du contrat. À dĂ©faut, l’assureur envoie une lettre pour en exiger le paiement dans les 30 jours. PassĂ© ce dĂ©lai, si l’assurĂ© ne verse toujours pas sa prime, le contrat est suspendu pour encore dix jours .

Si un sinistre survient quand le contrat est suspendu, il ne sera pas pris en charge.

Le contrat est rĂ©siliĂ© si aucun paiement n'a Ă©tĂ© fait. Attention, mĂȘme si le contrat est rĂ©siliĂ©, la prime reste intĂ©gralement due : pour la percevoir, l’assureur peut poursuivre l’assurĂ© en justice.

Si l'assuré paie sa prime entre la suspension et la résiliation de son contrat, sa couverture entre en vigueur le lendemain du jour du paiement.

L’expertise prĂ©alable

DĂšs que l’assureur reçoit la dĂ©claration de sinistre envoyĂ©e par l’assurĂ©, il lui retourne un courrier, prĂ©cisant s’il nomme un expert des assurances pour vĂ©rifier les circonstances du sinistre et estimer les dommages.

Si les dommages reprĂ©sentent une somme peu importante, l’assureur n’a pas besoin d’expertise prĂ©alable. Il demande Ă  l’assurĂ© de faire Ă©tablir un devis par un professionnel et de le lui envoyer. Si le montant lui semble correct par rapport aux dommages dĂ©clarĂ©s par l’assurĂ©, l’assureur autorise la rĂ©alisation des travaux et verse la somme correspondante.

Si les dommages sont trĂšs importants, par exemple aprĂšs une tempĂȘte ou un cambriolage, pour les Ă©valuer, l’assureur a besoin d’une expertise prĂ©alable. L’expert des assurances se dĂ©place sur les lieux du sinistre pour constater les dĂ©gradations, vĂ©rifier les factures et les justificatifs, prendre des mesures et poser des questions. Ces informations lui permettent d’établir un rapport d’expertise, qu’il envoie Ă  l’assureur.

La contre-expertise

L’assureur se base sur les conclusions de l’expert des assurances pour calculer une indemnisation. Il envoie une proposition Ă  l’assurĂ©. Ce courrier doit aussi l’informer de ses droits Ă  demander une contre-expertise et les modalitĂ©s financiĂšres de celle-ci.

Selon les contrats d’assurance, les honoraires du second expert sont soit Ă  la charge de l’assurĂ©, soit pour partie Ă  la charge de l'assureur.

AprĂšs les deux expertises, si les experts ne parviennent pas Ă  un accord, un troisiĂšme expert peut ĂȘtre dĂ©signĂ©. Dans ce cas, ses honoraires sont partagĂ©s entre l'assureur et l’assurĂ©. Enfin, si l’assurĂ© continue Ă  contester l’indemnisation proposĂ©e, il peut faire appel au mĂ©diateur de la compagnie d'assurances, puis, en dernier recours, au mĂ©diateur des assurances.

L’assurĂ© est responsable d’un grave sinistre

L’assureur peut rĂ©silier le contrat d’assurance lorsque l’assurĂ© est Ă  l’origine d’un accident grave, par exemple s’il met le feu Ă  un bĂątiment ou s’il conduisait un vĂ©hicule sans permis de conduire, ou en Ă©tat d’ivresse ou encore sous l’emprise de stupĂ©fiants.

Pour ĂȘtre valable, cette possibilitĂ© de rĂ©siliation doit ĂȘtre inscrite dans le contrat d’assurance. Si l’assureur a le droit de rĂ©silier le contrat d’assurance Ă  la suite d’un sinistre responsable, en retour l’assurĂ© a le droit de demander la rĂ©siliation de tous les autres contrats qu’il a Ă©ventuellement souscrits auprĂšs de cette compagnie d’assurances.

Le refus d’assurance

Les assureurs ont le droit de refuser d’assurer une personne, un bien ou un vĂ©hicule, notamment lorsqu’un assurĂ© s’est vu rĂ©silier son prĂ©cĂ©dent contrat pour cause de dĂ©faut de paiement ou d’accident responsable trĂšs grave.

Pour autant, certaines assurances, comme la responsabilitĂ© civile, sont obligatoires et les personnes doivent pouvoir se conformer Ă  la lĂ©gislation. Toute personne peut alors saisir le Bureau Central de Tarification (BCT), c’est- Ă -dire une autoritĂ© administrative indĂ©pendante, composĂ© paritairement de reprĂ©sentants d’assurĂ©s et d’assureurs. Son rĂŽle exclusif est de dĂ©cider Ă  quelles conditions un assureur peut ĂȘtre contraint Ă  assurer tout de mĂȘme une personne alors qu’il lui a opposĂ© un refus d’assurance.

Le BCT ne dĂ©signe jamais un assureur pour lui imposer un assurĂ© : c’est Ă  l’assurĂ© de trouver lui-mĂȘme un assureur.

La compĂ©tence du BCT se limite strictement Ă  fixer la tarification de la garantie de responsabilitĂ© civile obligatoire. Il n’a aucune compĂ©tence en matiĂšre de garanties complĂ©mentaires.

Le médiateur des assurances

En cas de litige persistant portant sur un contrat d’assurance, la FĂ©dĂ©ration Française de l'Assurance (FFA) propose Ă  tout assurĂ© une procĂ©dure de mĂ©diation.

Le recours au mĂ©diateur des assurances n’intervient qu’en dernier ressort, comme alternative Ă  un procĂšs. L’assurĂ© doit d’abord s’adresser au service clientĂšle de l’assureur, qui s’attache Ă  rĂ©soudre le problĂšme. Si aucune solution n’est trouvĂ©e Ă  ce niveau, l’assurĂ© soumet son cas au mĂ©diateur des assurances, dont les coordonnĂ©es lui sont communiquĂ©es par la sociĂ©tĂ© d’assurances.

Avez-vous aimé cet article ?


Un expert vous répondra