Trois grandes « familles » dâorganismes sont autorisĂ©es Ă opĂ©rer sur le marchĂ© français de lâassurance. Il sâagit des :
- SociĂ©tĂ©s dâassurances rĂ©gies par le Code des assurances ;
- Mutuelles dâassurances qui relĂšvent du Code de la mutualitĂ© ;
- Institutions de prévoyance, réglementées par le Code de la sécurité sociale et dans certains cas le Code rural.
Sommaire
Les sociĂ©tĂ©s d’assurances
Les sociĂ©tĂ©s dâassurances ont vocation Ă rĂ©aliser des bĂ©nĂ©fices et Ă les redistribuer Ă leurs actionnaires. Au nom de lâĂ©quitĂ© actuarielle, elles proposent des tarifs diffĂ©renciĂ©s qui peuvent varier selon lâĂąge, le sexe, le lieu dâhabitation ou le risque que prĂ©sente lâassurĂ©, mesurĂ© par le questionnaire mĂ©dical.
Sur le marchĂ© français de lâassurance peuvent Ă©galement intervenir :
- Des sociétés étrangÚres en libre établissement disposant de succursales ;
- Des sociĂ©tĂ©s de lâEspace Ă©conomique europĂ©en (EEE) autorisĂ©es Ă opĂ©rer en libre prestation de service (LPS), câest-Ă -dire Ă proposer des contrats aux assurĂ©s français directement Ă partir de leur pays dâorigine.
Les « sociĂ©tĂ©s dâassurance mutuelle » (par exemple Maaf, Macif, MMA) ne sont pas des mutuelles. Elles ont un statut de sociĂ©tĂ© civile sans but lucratif, mais elles sont rĂ©gies par le Code des assurances.
Le nombre de sociĂ©tĂ©s d’assurance
Sociétés agrées en France | Assurance vie | Assurances mixtes | Assurances dommages | Total |
Sociétés françaises | 68 | 40 | 240 | 348 |
Succursales hors EEE | 1 | - | 7 | 8 |
Succursales de l'EEE | 16 | 2 | 87 | 105 |
Total des sociétés établies en France | 85 | 42 | 334 | 461 |
Sociétés de l'EEE autorisées à opérer en France en libre prestation de service (LPS) | 177 | 43 | 719 | 939 |
En 2020, les opĂ©rations de fusion et dâacquisition se sont poursuivies et des sociĂ©tĂ©s se sont rapprochĂ©es pour mettre des moyens en commun. Cependant, en France, la concentration dans lâassurance est infĂ©rieure Ă celle de la plupart des autres secteurs dâactivitĂ©. Elle est comparable Ă la moyenne europĂ©enne du secteur de lâassurance :
- Les cinq premiers groupes consolidés représentent 50,5 % du marché français ;
- Les dix premiers représentent 78,9 %.
La concentration des sociĂ©tĂ©s est lĂ©gĂšrement plus marquĂ©e en assurance vie quâen assurances de dommages.
Les mutuelles d’assurances
En droit français, une mutuelle dĂ©signe une sociĂ©tĂ© de personnes Ă but non lucratif, immatriculĂ©e au Registre national des mutuelles et soumise aux dispositions du Code de la mutualitĂ©. Elle ne rĂ©munĂšre pas dâactionnaires et se finance essentiellement au moyen des cotisations de ses membres. FondĂ©e sur la solidaritĂ©, elle ne sĂ©lectionne pas ses clients, en particulier selon des critĂšres dâĂ©tat de santĂ©. En effet, son objet est dâĂ©tablir une solidaritĂ© entre ses membres dans un domaine prĂ©cis.
Les sociĂ©tĂ©s mutuelles interviennent toujours par des prestations financiĂšres : prime, indemnisation, prĂȘt. Ces domaines sont donc les mĂȘmes que ceux des assurances commerciales, des caisses de retraite et du crĂ©dit bancaire.
Un certain nombre de sociĂ©tĂ©s dâassurances commerciales utilisent abusivement le terme de « mutuelle » pour dĂ©signer les contrats dâassurance complĂ©mentaires santĂ© quâelles commercialisent.
Les institutions de prévoyance
Les institutions de prĂ©voyance sont des sociĂ©tĂ©s de personnes de droit privĂ©. Elles sont rĂ©gies par le Code de la sĂ©curitĂ© sociale et sont soumises aux mĂȘmes rĂšgles techniques que toute entreprise dâassurances. Elles se diffĂ©rencient des autres intervenants - sociĂ©tĂ©s dâassurances et mutuelles - par leur gestion paritaire. Elles sont en effet crĂ©Ă©es par accord entre les partenaires sociaux des entreprises ou des branches professionnelles. Elles fonctionnent sur la base dâune Ă©galitĂ© de reprĂ©sentation entre eux. Leur conseil dâadministration est constituĂ© de reprĂ©sentants des employeurs et des salariĂ©s, rĂ©unis en collĂšges. Ensemble, ils partagent la responsabilitĂ© du suivi et de lâĂ©volution des garanties et des services quâelles proposent. Comme les mutuelles, elles exercent leur mĂ©tier au seul profit de leurs participants (les entreprises) et de leurs adhĂ©rents (les salariĂ©s).
Conscientes de devoir moderniser ce systĂšme, les diffĂ©rentes caisses ont progressivement fusionnĂ©, pour former aujourdâhui un ensemble dâune vingtaine de grands groupes pluridisciplinaires en matiĂšre de protection sociale tels que le groupe Vyv, Malakoff-MĂ©dĂ©ric ou AG2R-La Mondiale. Ils proposent principalement des contrats collectifs en matiĂšre de santĂ©, de retraite et de prĂ©voyance.
Comme les institutions de prĂ©voyance nâont pas de capital Ă rĂ©munĂ©rer, leurs rĂ©sultats doivent servir Ă renforcer la sĂ©curitĂ© de leurs engagements, Ă amĂ©liorer le niveau de leurs garanties et Ă financer leur dĂ©veloppement. Elles peuvent aussi proposer des actions sociales.
Les rĂ©gulateurs de l’assurance française
Selon leur statut, les sociĂ©tĂ©s dâassurances, les mutuelles et les institutions de prĂ©voyance sont regroupĂ©es en fĂ©dĂ©rations, qui elles-mĂȘmes se rĂ©unissent pour former des instances destinĂ©es Ă Ă©tablir des prospectives et Ă faire Ă©voluer les offres par rapport aux besoins de la sociĂ©tĂ© et des assurĂ©s.
La FĂ©dĂ©ration française de l’assurance
La FĂ©dĂ©ration française de l'assurance (FFA) a vu le jour en 2016, Ă la suite de la fusion entre la FĂ©dĂ©ration française des sociĂ©tĂ©s d'assurance (FFSA) et du Groupement des Entreprises Mutuelles dâAssurance (GEMA). Son rĂŽle est de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des assureurs français auprĂšs de ses interlocuteurs, publics et privĂ©s, nationaux et internationaux.
En 2019, elle reprĂ©sentait 280 entreprises adhĂ©rentes, soit 99 % du marchĂ© français de lâassurance. Les 1 % restants correspondent Ă certaines des entreprises dâassurance mutuelle qui nâadhĂšrent Ă aucune organisation professionnelle.
Ă noter pour finir que la FFA est aussi une instance de concertation avec ses diffĂ©rents partenaires. LâĂ©valuation des risques repose en partie sur ses Ă©tudes de lâensemble du marchĂ© et elle participe Ă la rĂ©flexion sur les grands enjeux de sociĂ©tĂ©. Enfin, elle est une source importante dâinformation de lâassurance, par le biais du Centre de documentation et dâinformation de lâassurance (CDIA).
La Mutualité française
Câest ainsi quâon appelle couramment la FĂ©dĂ©ration nationale de la mutualitĂ© française (FNMF). Sa crĂ©ation remonte Ă 1902. Elle regroupe aujourdâhui 98% des mutuelles de santĂ© de France qui assurent 38 millions de Français. Elle gĂšre aussi 2 500 services de soins et cliniques.
La FNMF est organisée en Unions départementales (UD), qui gÚrent ces centres de soins, et en Unions régionales (UR), qui assurent la promotion de la santé. Chaque échelon a aussi un rÎle de représentation du mouvement à son niveau territorial.
L’AutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution
LâAutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution (ACPR) est une autoritĂ© administrative indĂ©pendante, crĂ©Ă©e en 2010 (anciennement ACP) pour contrĂŽler les sociĂ©tĂ©s du secteur de lâassurance et de la banque. Elle analyse les risques et les perspectives des organismes dâassurances pour le compte de lâEtat, pour vĂ©rifier la capacitĂ© des sociĂ©tĂ©s Ă remplir Ă tout moment leurs engagements envers les assurĂ©s. Les deux missions principales de l'ACPR est d'assurer, pour lâensemble du secteur financier (banque et assurance) :
- Le contrĂŽle du respect des dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ;
- Ainsi que la protection de la clientĂšle.
LâACPR est donc une autoritĂ© intĂ©grĂ©e, Ă plusieurs titres :
- Une telle organisation rĂ©pond Ă la volontĂ© de contrĂŽler les synergies liĂ©es Ă la supervision des secteurs de la banque et de lâassurance qui entretiennent des liens trĂšs Ă©troits en France, les principaux groupes bancaires hexagonaux ayant souvent des filiales dâassurance qui figurent parmi les intervenants les plus importants du marchĂ© ;
- Son action comporte une dimension macro prudentielle visant Ă la stabilitĂ© financiĂšre, qui est confortĂ©e par son adossement Ă la Banque de France ; lâACPR dispose aussi de compĂ©tences en matiĂšre de rĂ©solution ;
- Elle assure la supervision des risques de comportement dans les deux secteurs (banque et assurance).
Le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes
Le FGAP a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1999 par la loi, pour faire face Ă lâĂ©ventuelle dĂ©faillance dâune sociĂ©tĂ© dâassurances de personnes, pour les assurĂ©s. LâadhĂ©sion au FGAP est obligatoire pour toutes les entreprises dâassurances de personnes rĂ©gies par le Code des assurances agrĂ©Ă©es en France, y compris les entreprises Ă©trangĂšres non communautaires pour leurs opĂ©rations en France. La dĂ©cision de recourir au FGAP appartient Ă lâAutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel et de rĂ©solution (ACPR).
Lorsqu'elle estime quâune sociĂ©tĂ© dâassurances nâest plus en mesure de faire face Ă ses engagements envers les assurĂ©s et quâelle a Ă©puisĂ© les moyens dont elle dispose, elle saisit le FGAP, et la sociĂ©tĂ© concernĂ©e en informe chaque assurĂ©. LâACPR lance ensuite un appel dâoffres pour la reprise du portefeuille de lâentreprise en difficultĂ©, afin dâĂ©viter sa liquidation. Si la procĂ©dure de transfert nâaboutit pas, les assurĂ©s sont indemnisĂ©s Ă la demande du liquidateur par un versement du Fonds Ă leur profit, Ă hauteur de 70000 âŹ. Ce montant sâĂ©lĂšve Ă 90000 ⏠pour les rentes de prĂ©voyance (dĂ©cĂšs, incapacitĂ©, invaliditĂ©).
Le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires
Auparavant appelĂ© Fonds de garantie automobile (FGA), son objectif nâa pas changĂ© depuis quâil a Ă©tĂ© crĂ©Ă©, en 1951 : il sert Ă indemniser les victimes, lorsque lâassureur de la partie adverse fait dĂ©faut. Le Fonds intervient par exemples dans le cas d'accidents de circulation mais Ă©galement dans des accidents liĂ©s Ă la chasse.
- Pour les vĂ©hicules terrestres Ă moteur, lâaccident doit survenir en France mĂ©tropolitaine, dans les dĂ©partements et rĂ©gions dâoutre-mer, Ă Mayotte ou Ă Saint-Pierre-et-Miquelon ;
- Pour les personnes et les animaux, lâaccident doit se produire dans un lieu ouvert Ă la circulation publique, en France mĂ©tropolitaine, dans les Dom, Ă Mayotte et Ă Saint-Pierre- et-Miquelon.
Pour faire une demande dâindemnisation, les victimes doivent justifier que le responsable de lâaccident nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©, quâil nâest pas assurĂ© ou que son assureur est insolvable. Elles doivent Ă©galement justifier que lâaccident ne donne droit Ă aucune indemnisation Ă un autre titre.
6 commentaires Ă "Quels sont les acteurs de l'assurance ?"
Andy Guga, le 18 novembre 2021
Existe combien de branches dâassurance en France, et si possible de les coter
Pierre Fruchard, le 19 novembre 2021
Bonjour,
Il existe 26 branches d'assurance : accidents corporels, maladie, corps de véhicule ferroviaires, corps de véhicule aérien, corps de véhicules maritimes,
lacustres et fluviaux, marchandises transportĂ©es, incendie et Ă©lĂ©ments naturels, autres dommages aux biens, RC vĂ©hicules terrestres automoteurs, RC vĂ©hicules aĂ©riens, RC vĂ©hicules maritimes, lacustres et fluviaux, RC gĂ©nĂ©rale, crĂ©dit, caution, pertes pĂ©cuniaires diverses, protection juridique, assistance, numĂ©ro non affectĂ©, Vie et dĂ©cĂšs, nuptialitĂ© et natalitĂ©, fonds dâinvestissement, opĂ©rations tontiniĂšres, capitalisation, gestion de fonds collectifs et retraite collective.
Cordialement
Cascarino Frédéric, le 25 mars 2022
Bonjour,
Existe-t-il des sociétés qui assure les assureurs?
Merci
Bastien, le 25 septembre 2023
Au contraire, il existe bien des sociétés qui assurent les assureurs, on parle alors de Réassureur.
En France, nous avons l'un des leaders mondiaux : Scor
Isabelle, le 3 avril 2023
est-ce que la société CEA est filiale d'un groupe d'assurances ou est liée à des compagnie d'assurances en particulier ?
Pierre Fruchard, le 3 avril 2023
Bonjour,
La CEA ( Centre d'Etudes d'assurances) était à l'origine un organisme qui délivre un diplÎme postuniversitaire en droit des assurances. Il a étendu ses activités aux métiers du courtage ,ce qui a donné naissance au Groupe CEA.
Cordialement.
Un expert vous répondra