Au décès de l’assuré, le capital détenu sur l'assurance-vie est transmis au(x) bénéficiaire(s) qu'il a désigné(e). Le tout dans des conditions fiscales favorables. Mais l'assurance-vie est-elle incluse dans la succession du défunt ? En fait, oui dans certains cas, non dans d'autres. Voyons ensemble comment est traitée l'assurance-vie au décès, qu'elle intègre la succession ou non. Faisons aussi le point sur la fiscalité applicable.
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L'assurance-vie fait-elle partie de la succession ?
Au décès de l'assuré, le contrat d'assurance-vie peut être traité "hors succession". Cela signifie que le capital n'intégrera pas la "masse successorale" partagée entre les héritiers. Deux cas de figure existent :
- Une assurance-vie alimentée par l'assuré avant ses 70 ans sera traitée hors succession à son décès.
- La fraction des versements faits sur l'assurance-vie après les 70 ans de l'assuré réintégreront la succession.
Vous le voyez : ce qui importe, c'est l'âge des versements. Au décès, on distinguera donc les versements faits avant cet âge de ceux réalisés après.
Versements | Traitement de l'assurance-vie |
---|---|
Avant 70 ans | Hors succession |
Après 70 ans | Dans la succession |
Le fait que l'assurance-vie puisse être traitée hors succession relève d'un régime fiscal spécifique, qui est propre à ce contrat.
Lorsque l'assurance-vie ne réintègre pas la succession, il y a quand même une fiscalité qui s'applique. Il ne s'agit toutefois pas de celle de droit commun (à savoir le barème des droits de succession).
Les règles fiscales spécifiquement applicables à l'assurance-vie hors succession dépendront :
- De la date d’ouverture du contrat,
- De la date des versements effectués sur le contrat,
- De l’âge qu’il avait au moment où il a versé les primes.
Si l'assurance-vie rejoint l'actif successoral, toutes les règles du Droit des successions s'appliquent : rapport, réduction... C'est le notaire qui s'occupera de tout cela.
Assurance-vie traitée hors succession : quelle fiscalité ?
Au décès de l’assuré, l’assurance-vie alimentée avant 70 ans a une fiscalité à part. Elle n'intègre pas sa succession. Les règles fiscales sont les suivantes :
- Chaque bénéficiaire, quel que soit son lien de parenté avec l’assuré-défunt, a droit à un abattement fiscal personnel de 152 500 euros sur la part qu'il reçoit,
- Au delà ce ce montant, la taxation est de 20% (31,25% pour la fraction qui dépasserait 852 500 euros).
- Si l’assurance-vie est un contrat « vie-génération », un abattement supplémentaire de 20 %, calculé sur la part reçue avant celui de 152 500 euros, vient s’appliquer.
L’assuré peut très bien avoir fait des versements avant et après son 70ème anniversaire. Dans ce cas, on calcule chaque « poche » pour appliquer les règles fiscales correspondantes. Les primes versées après 70 ans doivent être déclarées au notaire.
Comment l’assurance-vie permet-elle d’optimiser sa succession ?
L'assurance-vie est l'une des meilleures solutions pour "échapper aux droits de succession". Elle peut en effet permettre de transmettre plus de 150 000 euros à plusieurs bénéficiaires en totale exonération fiscale !
C'est là la force de l'assurance-vie : la désignation libre de bénéficiaires, lesquels recevront le capital (ou la rente) au décès de l'assuré. Ce dernier choisit qui il veut, même un tiers s'il le souhaite.
Et lorsque l'assurance-vie est traitée hors succession (pour la part des primes versées avant 70 ans), les bénéficiaires reçoivent leur part dans des conditions fiscales très favorables. Tout le monde sera traité de la même façon (hormis si le conjoint est bénéficiaire, car ce dernier jouit de conditions fiscales encore plus avantageuses). Si c'est un tiers qui est désigné (un ami du défunt par exemple), il aura droit au même abattement qu'un membre de la famille. Hors assurance-vie (ou si elle est traitée dans la succession), il aurait supporté 60 % de droits de succession !
Pour tirer pleinement partie de la fiscalité de l'assurance-vie au décès, il est idéal de faire un maximum de versements avant son 70ème anniversaire.
Assurance-vie et droits de succession : comment ça marche ?
C'est le régime des droits de succession qui s'applique lors de la transmission du capital d’une assurance-vie alimentée après 70 ans. Les droits de succession que supportent les héritiers sont calculés par le notaire sur la base d’un barème légal. Celui-ci dépend de leur lien de parenté avec le défunt. Un abattement est aussi prévu.
L'assurance-vie alimentée après les 70 ans de l'assuré vient quand même avec un avantage fiscal : un abattement sur le capital transmis, propre à l'assurance-vie. Celui-ci est de 30 500 euros. Il est :
- Partagé entre tous les bénéficiaires désignés,
- Unique, quel que soit le nombre de contrats d’assurance-vie détenus par l’assuré défunt,
- Plein, si l’un des bénéficiaires est exonéré de droits de succession (le conjoint survivant par exemple), les autres se partagent « sa part d’abattement ».
Dans le cas de deux enfants bénéficiaires à parts égales, ils auront chacun droit à 15 250 euros d’abattement sur la fraction de capital reçue. À cet abattement propre à l’assurance-vie s’ajoutera un abattement légal de 100 000 euros par enfant.
Cet abattement permet donc de transmettre 30 500 euros en totale exonération fiscale. Les gains et intérêts générés par le contrat sont exonérés. Si la valorisation du contrat est supérieure à ce montant, la fraction excédentaire sera soumise au calcul des droits de succession. Selon son lien de parenté avec le défunt, le bénéficiaire pourra aussi jouir d'un abattement légal :
- 100 000 euros pour un enfant,
- 100 000 euros pour un ascendant,
- 15 932 euros pour un frère ou une soeur.
Une fois cet abattement déduit de la part reçue, les droits de succession s'appliquent. Pour un enfant par exemple :
Somme reçue | Barème d'imposition |
---|---|
Moins de 8072 euros | 5 % |
De 8073 à 12 109 euros | 10 % |
De 12 110 à 15 932 euros | 15 % |
De 15 933 à 552 324 euros | 20 % |
De 552 325 à 902 838 euros | 30 % |
De 902 839 à 1 805 677 euros | 40 % |
À partir de 1 805 677 euros | 45 % |
Vous trouverez sur internet des simulateurs de droits de succession exigibles pour une assurance vie alimentée après 70 ans. In fine, ce sera toutefois le notaire qui procédera au calcul. Les délais de versement pourront être allongés si une assurance-vie est prise en compte dans la succession.
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Fiscalité de l’assurance-vie et succession
Les règles fiscales applicables au dénouement de l’assurance-vie dépendent principalement du moment des versements (de l’âge qu’avait le titulaire du contrat lorsqu'il les a faits : avant ou après 70 ans).
Toutefois, la date d’ouverture du contrat ainsi que la date de chaque versement peuvent aussi avoir un impact. Le tableau ci-dessous récapitule les règles fiscales propres à l’assurance-vie :
Date de souscription | Primes versées avant octobre 1998 et avant 70 ans | Primes versées avant octobre 1998 et après 70 ans | Primes versées après octobre 1998 et avant 70 ans | Primes versées après octobre 1998 et après 70 ans |
---|---|---|---|---|
Avant novembre 1991 | Pas de fiscalité | Pas de fiscalité | Abattement de 152 500 euros puis taxation de 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) | Abattement de 152 500 euros puis taxation de 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) |
Après novembre 1991 | Pas de fiscalité | Abattement de 30 500 euros puis droits de succession | Abattement de 152 500 euros puis taxation de 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) | Abattement de 30 500 euros puis droits de succession |
Assurance-vie et conjoint bénéficiaire : quels sont les droits de succession ?
S'il est désigné bénéficiaire de l'assurance-vie de son époux ou partenaire pacsé, le conjoint survivant est totalement exonéré de droits de succession sur le capital qu'il reçoit. Cet avantage fiscal résulte de la loi TEPA de 2007. Peu importent la somme transmise ou l'âge auquel le conjoint décédé a fait ses versements en assurance-vie.
Cette exonération peut aussi être étendue aux frères et soeurs de l'assuré défunt, s'il les a désignés comme bénéficiaires. Les conditions sont toutefois très strictes :
- Le frère / la soeur en question est célibataire, veuf ou veuve, divorcé(e) ou séparé(e) de corps,
- Il ou elle a plus de 50 ans, ou est atteint(e) d’une infirmité l’empêchant de subvenir à ses besoins,
- Il ou elle a au moins habité, sans discontinuité, avec l’assuré défunt pendant les 5 années précédant le décès.
Faut-il déclarer l’assurance-vie au notaire pour la succession ?
L'assurance-vie est traitée hors succession pour la part des primes versées avant 70 ans. Elle n'intègre pas la masse successorale. Il n'y a donc pas nécessairement à la déclarer au notaire en charge de la liquidation successorale.
Une assurance-vie alimentée après les 70 ans de l'assuré doit en revanche être déclarée. Au delà de l'abattement de 30 500 euros, elle réintégrera l'actif successoral comme n'importe quel autre bien du défunt. Il faudra donc que le notaire en ait connaissance.
Une assurance-vie souscrite par un couple marié en communauté et alimentée avec des fonds communs doit aussi être déclarée au notaire.
FAQ
Est-ce qu'une assurance-vie entre dans la succession ?
Au décès de l’assuré, le capital détenu en assurance-vie entre dans la succession pour la part des primes versées après 70 ans, après un abattement fiscal de 30 500 euros.
Comment fonctionne une assurance-vie en cas de décès ?
Au décès de l’assuré-souscripteur, le capital détenu sur le contrat sera transmis au(x) bénéficiaire(s) désigné(s) dans la « clause bénéficiaire ». La fiscalité applicable dépendra principalement de l’âge auquel les versements ont été effectués.
Qui hérite d’une assurance-vie ?
C’est le souscripteur du contrat qui décide de la (ou des) personne qui recevra le capital ou la rente à son décès. Il pourra s’agir de n’importe qui, y compris d’une personne morale (une association par exemple).
Quel délai pour toucher une assurance-vie après un décès ?
Si l’assurance-vie est traitée hors-succession (c’est-à-dire que les primes ont été versées avant les 70 ans de l’assuré), les choses pourront aller assez vite car c’est l’assureur qui fera le versement aux bénéficiaires. Si, à l’inverse, elle intègre la succession, les délais pourront être plus longs, le temps que le notaire procède à la dévolution successorale.
2 commentaires à "Assurance vie et droits de succession : quelle fiscalité ?"
richard, le 4 octobre 2021
Mon banquier me dit de ne pas declarer mon assurance vie au notaire dont certains versements ont été fait apres 70 ans car ils vont me fournir les documents afin que les frais soients virés directement aux impots et que de ce fait les frais seront moins élévés que celles du notaire Est ce vrai ??
Pierre Fruchard, le 5 octobre 2021
Bonjour,
Effectivement l'assurance vie est hors succession, il ne vaut mieux pas la déclarer à votre notaire.
Cordialement
Un expert vous répondra