PEA ou assurance-vie : quel support choisir ?


Pierre Fruchard - 09 Juillet 2024

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Le PEA et l’assurance-vie sont deux « enveloppes » fiscales qui se ressemblent à certains niveaux. Ils ne fonctionnent toutefois pas de la même façon et ne répondent pas aux mêmes objectifs. Opter pour l'un ou l'autre dépendra donc de votre situation, de vos objectifs, de votre horizon de placement… Voyons ensemble comment faire son choix entre assurance-vie et Plan épargne en actions. 

Valorisez votre épargne avec l'assurance-vie

PEA vs assurance-vie : quelles différences ?

Le PEA, c’est quoi ?

Le PEA (Plan épargne en actions) est une enveloppe d'épargne qui vous permet d'investir sur les marchés financiers européens. Via ce support, vous pourrez donc accéder à tout l'éventail de valeurs boursières d'entreprises européennes. Il s'agit au final d'un portefeuille, que vous constituez au fur et à mesure en achetant des titres ou des fonds (type FCP, OPCVM...) européens. Le tout dans de bonnes conditions fiscales.

Quatre types de PEA existent :

Type de PEAFonctionnement
PEA bancaire classiqueCompte-titres associé à un compte espèces
PEA-PMEInvestissement en actions de PME et ETI
PEA AssuranceContrat de capitalisation géré par un assureur
PEA JeunesPour les jeunes de 18 - 25 ans
rattachés fiscalement à leurs parents
Les différents types de PEA

Le Plan épargne en actions est plafonné. En cas de retrait avant 5 ans, il est fermé. Il s'agit donc d'un placement à horizon moyen / long terme. Pour être éligible au PEA, un OPCVM doit par exemple être constitué d'au moins 75 % d'actions européennes.

Le PEA jouit d'une fiscalité qui lui est propre. Contrairement à un compte-titres ordinaire, les revenus dégagés ne sont pas imposés à l'impôt sur le revenu mais selon des règles particulières.

Le PEA a largement été impacté par la loi Pacte de 2019. Cette dernière lui redonne un vrai intérêt aujourd'hui :

  • Les retraits et versements sont désormais possibles (sans que le plan soit fermé) après 5 ans. Avant cette loi, il fallait attendre 8 ans.
  • Le taux d'imposition pour les retraits avant 5 ans est désormais plus intéressant. Les revenus seront fiscalisés sur la base du PFU (prélèvement forfaitaire unique) : 30 %. Après 5 ans, les dividendes sont toujours exonérés d'impôt (hors prélèvements sociaux de 17,20 %) !

L’assurance-vie, c’est quoi ?

L'assurance-vie est aussi une enveloppe d'épargne, avec un cadre fiscal propre. Il est possible d'y loger un grand nombre de supports : fonds euro, fonds en actions, en obligations, en immobilier... Globalement, l'assurance-vie donne accès à deux types de supports :

  • Le fonds euro, 100 % sécurisé et garanti, mais peu rémunérateur,
  • Les "unités de compte" : OPCVM, FCP, SCPI... Celles-ci ont un potentiel de rendement plus important mais elles sont risquées : aucune garantie en capital n'existe pour ces supports.

Sur un contrat d'assurance-vie "multisupport", l'épargnant choisit librement la répartition de son capital entre fonds euro et unités de compte.

L'assurance-vie est un placement à horizon long terme, mais elle reste liquide. Les retraits partiels ou totaux sont possibles à tout moment. Elle n'est pas plafonnée. Sa fiscalité en cours de vie du contrat s'adoucit avec le temps. Après 8 ans, elle est à maturité fiscale : il sera possible de faire des rachats en totale exonération fiscale.

PEA ou assurance-vie : notre tableau comparatif

L'assurance-vie et le PEA se distinguent en de nombreux points. L’assurance-vie est par exemple beaucoup plus souple / liquide : un rachat partiel ou total est possible à tout moment. S’il n’est que partiel, le contrat continue. À l'inverse, sur un PEA, il est possible de vendre et d’acheter des titres à tout moment mais le moindre retrait avant 5 ans entraîne sa fermeture immédiate

Pour y voir plus clair, voici un tableau récapitulatif des principales différences entre PEA et assurance-vie :

PEAAssurance-vie
OuvertureMajeur domicilié en France
1 PEA par personne
Accessible aux mineurs
Plusieurs contrats d'assurance-vie
Plafond de versement150 000 euros
(avec les gains, la valorisation du contrat
peut aller au delà)
Aucun
Mode de gestionGestion libre ou pilotéeGestion libre ou pilotée
Sortie en renteOuiOui
Supports d'investissementActions et fonds européens seulement
(au moins 75 % d'actions euro)
Fonds euro
Très nombreuses unités de compte (selon le contrat)
FiscalitéPas de fiscalité si pas de rachat
En cas de rachat avant 5 ans : flat tax ou IR
Après 5 ans : exonération
Pas de fiscalité si pas de rachat
En cas de rachat : flat tax ou IR
Après 8 ans : abattement annuel
Disponibilité de l'épargneDisponible
Mais un retrait avant 5 ans
entraîne la clôture du PEA
Disponible
SuccessionPas d'exonérationSelon l'âge qu'avait l'assuré lors des versements,
contrat peut être traité hors succession
Dans ce cas : abattement de 152 500 euros
pour chaque bénéficiaire
Comparatif : PEA et assurance-vie

PEA : avantages et inconvénients

Le Plan épargne en actions se destine aux investisseurs qui souhaitent se positionner sur le marché des actions européennes tout en profitant d'une fiscalité favorable. Voici ses principaux avantages :

  • Sa fiscalité : après 5 ans, les gains réalisés sont exonérés,
  • Pendant la vie du PEA, sans retrait, il n'y a aucune fiscalité (hors PS),
  • Les ordres (achat et vente de titres) sont passés immédiatement sur un PEA,
  • Le PEA donne accès à "toutes" les actions européennes et fonds (soit des milliers de titres vifs et de fonds),
  • Le PEA permet, après 8 ans, de sortir en rente viagère défiscalisée,
  • Le PEA est en général soumis à moins de frais que l'assurance-vie.

Bien entendu, le PEA n'a pas que des avantages. Voici ses principaux inconvénients :

  • Les versements sont plafonnés sur un PEA : 150 000 euros (75 000 de plus pour un PEA-PME, soit 225 000 euros),
  • De vrais risques de pertes en capital existent, puisque le portefeuille est constitué d'actions et de fonds en actions,
  • Un retrait avant 5 ans entraîne la fermeture du PEA,
  • La poche espèces du PEA n'est pas rémunérée,
  • Même lorsque les gains sont exonérés, ils restent soumis aux prélèvements sociaux (17,20 %).

Assurance-vie : avantages et inconvénients

Comme pour le PEA, voyons maintenant les principaux avantages de l'assurance-vie :

  • L'assurance-vie peut répondre à toutes sortes d'objectifs : rendement, revenus complémentaires, préparation d'un projet immobilier...
  • L'assurance-vie est la meilleure solution pour préparer et optimisation sa propre succession,
  • Elle jouit d'une fiscalité privilégiée, que ce soit pendant la vie du contrat ou au décès de l'assuré,
  • L'assurance-vie est liquide : l'argent reste disponible à tout moment,
  • L'assurance-vie donne accès au fonds euro, sécurisé et garanti, et à quelques centaines d'unités de compte (selon le contrat). Elle permet donc une grande diversification.
  • L'assurance-vie n'est soumise à aucun plafond de versement.
  • En assurance-vie, il est possible de souscrire à un mandat de gestion, c'est-à-dire de confier totalement la gestion de son contrat à des professionnels.

Voyons maintenant ses points faibles :

  • La fiscalité de l'assurance-vie n'est optimale qu'après 8 ans, ce qui en fait un placement long terme,
  • Les frais (de gestion notamment) peuvent être assez élevés en assurance-vie. Ces derniers peuvent minorer la rentabilité du contrat.
  • En cas de sortie en rente viagère, celle-ci n'est pas défiscalisée,
  • Si le capital est positionné à 100 % sur le fonds euro, la rentabilité n'est pas très alléchante.

Assurance-vie ou PEA : comment bien choisir ?

Dans un premier temps, définissez vos objectifs. Même s'il s'agit de deux enveloppes d'épargne, le PEA et l'assurance-vie ne répondent pas vraiment aux mêmes besoins. Le premier vise à la constitution d'un portefeuille dans des conditions fiscales favorables. La seconde peut répondre à de nombreux objectifs : se préparer des revenus complémentaires, optimiser sa succession future, sécuriser son épargne (sur le fonds euro)...

Déterminez aussi votre profil de risques. En assurance-vie, il est possible de placer 100 % du capital en fonds euro, sécurisé et garanti. Si le contrat est multisupport, il est aussi possible d’allouer tout ou partie du capital en « unités de compte ». Celles-ci sont plus risquées mais potentiellement plus rémunératrices. Le PEA est par nature risqué, puisque les sommes placées sont investies en actions (et donc sur les marchés financiers). Si vous ne souhaitez prendre aucun risque avec votre argent, le PEA est donc déconseillé. 

Ces deux enveloppes sont toutes deux des placements long terme, car elles sont de plus en plus intéressantes fiscalement avec le temps, c’est-à-dire après 5 ans (PEA) ou 8 ans (assurance-vie). 

Le choix dépend également des supports qui vous intéressent. À ce titre, l’assurance-vie vous donne accès à un large éventail de supports. Le PEA est plus limitant à ce niveau (actions, fonds en actions et trackers). Si vous cherchez à investir sur le marché actions européennes, il s’agit toutefois de la meilleure solution : vous aurez accès à « toutes » les actions éligibles en direct. 

Niveau fonctionnement, l’assurance-vie est plus « souple » que le PEA. Il est en effet possible de faire un rachat à tout moment, contrairement au PEA (un retrait avant 5 ans est possible mais cela entraîne la clôture du plan). Si votre horizon de placement est plutôt à moyen terme (moins de 5 ans), évitez le PEA, aussi parce que les risques inhérents aux actions doivent idéalement être lissés dans le temps. 

Enfin, pour ce qui est de la gestion, disons que le PEA s’adresse plutôt aux « connaisseurs » qui se chargent eux-mêmes de leurs arbitrages (achat et vente de titres). En assurance-vie, il est possible de confier la gestion de son capital (via des « modes et options » de gestion). 

Fiscalité : PEA vs assurance-vie

Le PEA et l’assurance vie sont des « niches fiscales ». Contrairement au compte-titres ordinaires, elles ont chacune leur propre régime fiscal. Pour les deux, aucune fiscalité ne s’applique en l'absence de retrait (hors prélèvements sociaux de 17,20 % tous les ans). 

Pour le PEA, les choses sont assez simples en cas de rachat

  • Avant 5 ans : les gains sont imposés sur la base de la « flat tax » de 30 % (12,8 % + prélèvements sociaux de 17,20 %), 
  • Après 5 ans : les gains sont exonérés d’impôt. Seuls les prélèvements sociaux sont ponctionnés (17,20 %). 

Pour l’assurance-vie, les choses sont un peu plus compliquées, puisque la fiscalité au rachat dépend notamment

  • De l’âge du contrat, 
  • Des dates auxquelles ont été faits les versements. 

En dehors de tout rachat, il n’y a pas de fiscalité en assurance-vie. Seuls les prélèvements sociaux sont prélevés chaque année sur les intérêts dégagés par le fonds euro (17,20 %). 

Si le rachat en assurance-vie porte sur des versements faits avant septembre 2017, l’épargnant choisit, en termes de fiscalité applicable aux gains et intérêts retirés, entre l’impôt sur le revenu ou un Prélèvement forfaitaire libératoire dégressif (avec l’âge du contrat). Pour ce qui est des versements faits après cette date, le choix se fera entre impôt sur le revenu et Prélèvement forfaitaire unique (qui est en fait la flat tax de 30 %).

Après 8 ans, l’épargnant a droit à un abattement fiscal annuel sur les gains et intérêts retirés (4600 euros pour une personne seule). C’est ici que l’assurance-vie devient très intéressante.  

Quels sont les supports accessibles via l’assurance-vie et le PEA ?

L’assurance-vie et le Plan épargne en actions vous permettent tous deux de diversifier votre patrimoine en investissant sur les marchés financiers (voire immobiliers). 

Le PEA est plus contraignant en termes de supports disponibles. Il n’est possible d’acquérir que des actions européennes ou des parts de fonds investis à au moins 75 % en actions européennes (ou trackers). On parle d’actifs « éligibles » au PEA. De très nombreuses actions et OPCVM sont accessibles. Le PEA est à ce niveau très « réactif » : les ordres d’achat / de vente passés par l’épargnant sont immédiats

L’assurance-vie donne accès à un plus large éventail de supports : fonds euro, OPCVM, FCP… Il est par exemple possible, grâce aux SCPI, d’investir en « pierre-papier », c’est-à-dire sur le marché immobilier. 

ContratSupports disponibles
Assurance-vieFonds euro
Unités de compte : OPCVM, FCP, SCPI...
PEAActions et fonds éligibles au PEA
(au moins 75 % d'actions européennes)
Les supports accessibles via un PEA ou une assurance-vie

Un investisseur averti ayant une stratégie spécifique sur le marché européen aura intérêt à opter pour le PEA car il aura accès à tous les titres vifs éligibles. L’assurance-vie peut quant à elle correspondre à tous les profils, y compris les épargnants n’ayant aucune connaissance en la matière, grâce aux modes et options de gestion proposés. 

Préparer sa transmission : PEA ou assurance-vie ?

L’assurance-vie est un excellent outil pour optimiser sa succession. Pour la part des versements faits par l’assuré avant ses 70 ans, elle est traitée, au décès, hors succession. La fiscalité applicable est alors très favorable : chaque bénéficiaire jouit d’un abattement fiscal de 152 500 euros sur la part reçue. Au delà, la taxation est forfaitaire et, là encore, préférable au barème des droits de succession. 

Cet abattement est propre à chaque bénéficiaire, peu importe son lien de parenté avec l’assuré. L’assurance-vie permet donc de transmettre des sommes importantes en totale exonération fiscale, y compris à des tiers !

Pour la part des versements faits après 70 ans, la fiscalité est moins avantageuse mais un abattement global de 30 500 euros est quand même prévu (celui-ci est « partagé » entre tous les bénéficiaires). Au delà, la taxation se fera sur la base des droits de succession, qui dépendent du lien de parenté entre l’assuré-défunt et le bénéficiaire. 

Le PEA est aussi clôturé au décès du titulaire. Les héritiers peuvent décider de vendre ou de conserver les titres. Les sommes intègrent la succession mais aucune fiscalité ne s’applique sur les gains générés par le plan. Seuls les prélèvements sociaux sont ponctionnés (s’il y a plusieurs héritiers, ils sont répartis entre eux au prorata, selon la somme que chacun reçoit). 

Peut-on cumuler PEA et assurance vie ?

Il est tout à fait possible de détenir à la fois une assurance-vie et un PEA. Une même personne peut d’ailleurs ouvrir plusieurs assurances-vie (y compris auprès d’établissements différents). Elle ne peut en revanche détenir qu’un seul plan épargne en actions. 

Les patrimoines les plus importants peuvent avoir intérêt à cumuler les deux contrats, afin de profiter de leurs régimes fiscaux respectifs.

Il est intéressant, pour ces deux enveloppes, de « prendre date » fiscale, c’est-à-dire de procéder à l’ouverture le plus tôt possible. Vous arriverez ainsi plus vite à la « maturité fiscale » (5 ans pour le PEA et 8 ans pour l’assurance-vie).  

Valorisez votre épargne avec l'assurance-vie

Quelle est la différence entre un compte-titres et un PEA ?

À l'inverse du compte-titres, le PEA jouit d'un cadre fiscal propre et privilégié. Il est en revanche limité (en actions européennes) et plafonné.

Quels sont les placements les plus rentables en 2024 ?

L'assurance-vie et le PEA ont un bon potentiel de rendement en 2024. Tout dépend des supports que vous choisissez et de leurs performances dans l'année.

Peut-on avoir une assurance-vie et un PEA ?

Rien ne vous empêche d'avoir à la fois un PEA et une assurance-vie. Attention toutefois, vous ne pouvez détenir qu'un seul PEA. Vous n'êtes en revanche pas limité en termes de nombre de contrats d'assurance-vie.

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