FiscalitĂ© d’assurance vie en cas de dĂ©cĂšs : comment ça marche ?


Pierre Fruchard - 09 Janvier 2025

4.7 | 486 avis

L’assurance-vie sĂ©duit toujours en 2024. La popularitĂ© de cette enveloppe d’épargne s’explique de nombreuses façons : souplesse d’investissement, potentiel de rendement, diversitĂ© des supports disponibles
 Parmi tous ces avantages, il en est un qui revient souvent : la fiscalitĂ© applicable au dĂ©cĂšs de l’assurĂ©, c’est-Ă -dire lorsque le capital est transmis aux bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©signĂ©s.

Valorisez votre Ă©pargne avec l'assurance-vie

Pourquoi l’assurance-vie est-elle idĂ©ale pour optimiser sa succession ?

L’assurance-vie est une enveloppe d’épargne, mais pas seulement. Il s’agit aussi d’une excellente solution pour prĂ©parer sa succession future :

  • Le souscripteur du contrat choisit son ou ses bĂ©nĂ©ficiaires librement. Il peut mĂȘme dĂ©signer des personnes avec qui il n'a aucun lien de parentĂ© ! Il pourra par exemple s'agir d'un conjoint ou partenaire pacsĂ©, d'un enfant, d'un oncle, d'un ami... Il est donc primordial de bien soigner la "clause bĂ©nĂ©ficiaire" de son assurance-vie.
  • Le cadre fiscal spĂ©cifique de l'assurance-vie permet de transmettre, au dĂ©cĂšs, le capital dans d'excellentes conditions ! Les contrats les plus anciens permettent mĂȘme, sous conditions, une transmission de capital en totale exonĂ©ration fiscale !
  • Au dĂ©cĂšs de l'assurĂ©, le contrat peut ĂȘtre dĂ©nouĂ© en rente viagĂšre ou en capital. Il y a donc une vraie libertĂ© de choix.
  • Si c'est le conjoint ou partenaire pacsĂ© qui est dĂ©signĂ© bĂ©nĂ©ficiaire, il reçoit le capital, au dĂ©cĂšs de l'assurĂ©, sans aucune fiscalitĂ© ! Cela est aussi vrai, sous certaines conditions, pour les frĂšres et soeurs bĂ©nĂ©ficiaires.

L’assurance-vie est-elle soumise aux droits de succession ?

L'assurance-vie est le plus souvent traitée "hors succession". ConcrÚtement, le contrat ne rejoindra pas la masse successorale au décÚs de l'assuré. Cela s'avÚre trÚs intéressant pour les bénéficiaires désignés, qui supporteront une fiscalité bien plus douce.

Cette "rĂšgle" selon laquelle l'assurance-vie n'est pas soumise aux droits de succession a quand mĂȘme des exceptions. Pour faire simple :

  • L'assurance-vie est traitĂ©e hors succession pour les primes versĂ©es avant les 70 ans de l'assurĂ© (article 990 I du Code GĂ©nĂ©ral des ImpĂŽts),
  • L'assurance-vie rĂ©intĂšgre la succession pour la fraction des primes versĂ©es par l'assurĂ© aprĂšs ses 70 ans (article 757 B du Code GĂ©nĂ©ral des ImpĂŽts).
  • La date d'ouverture du contrat et la date des versements ont aussi une incidence sur la fiscalitĂ© applicable.

Tout cela peut paraßtre un peu complexe, mais les rÚgles ne sont au final pas si compliquées. Pour les contrats "récents" (ouverts il y a moins d'une vingtaine d'années), la rÚgle la plus importante est celle de l'ùge des versements : avant ou aprÚs les 70 ans de l'assuré.

Âge des versementsTraitement de l'assurance-vieAbattement(s) et fiscalitĂ©
Avant 70 ansHors successionAbattement pour chaque bénéficiaire
Fiscalité propre à l'assurance-vie au delà
AprÚs 70 ansRéintÚgre la successionAbattement unique, partagé entre tous les bénéficiaires
Droits de succession sur la part reçue par chacun
L'ùge des versements et la fiscalité de l'assurance-vie au décÚs

Pour que l'assurance-vie puisse ĂȘtre traitĂ©e hors succession (pour les primes versĂ©es avant 70 ans), il faut qu'il y ait un moins un bĂ©nĂ©ficiaire dĂ©signĂ©. Dans le cas contraire, l'assurance-vie rĂ©intĂ©grera la succession et perdra son rĂ©gime fiscal favorable.

La fiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs : primes versĂ©es avant 70 ans

Le souscripteur alimente son contrat d’assurance-vie Ă  son rythme, comme bon lui semble. À son dĂ©cĂšs, on distinguera toutefois, pour dĂ©terminer la fiscalitĂ©, les primes versĂ©es avant ses 70 ans de celles versĂ©es aprĂšs. Le rĂ©gime fiscal Ă©tant plus intĂ©ressant pour les primes versĂ©es avant cet Ăąge, mieux vaut faire un versement Ă  69 ans qu'Ă  71.

ConcrĂštement, la fiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs est trĂšs avantageuse lorsque l’assurĂ© a versĂ© tout ou partie des primes avant de souffler ses 70 bougies. En effet : 

  • Chacun des bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©signĂ©s aura droit, sur la part qu’il reçoit, Ă  un abattement personnel de 152 500 euros, 
  • S’il reçoit plus que cette somme, la taxation ne sera « que Â» de 20 % (31,25 % pour la fraction qui dĂ©passerait 852 500 euros). Ce taux est bien souvent prĂ©fĂ©rable Ă  celui des droits de succession (surtout si le bĂ©nĂ©ficiaire a un lien de parentĂ© "Ă©loignĂ©" avec le dĂ©funt ou pire, qu'il n'en a pas).

L’abattement de 152 500 euros ne s’applique que sur les primes versĂ©es avant les 70 ans de l’assurĂ©. Il concerne Ă  la fois le capital et les intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©rĂ©s par le contrat. 

Dans ce cas de figure, l’assurance-vie est utilisĂ©e « Ă  son plein potentiel Â». Les sommes transmises sont traitĂ©es hors succession, chaque bĂ©nĂ©ficiaire a droit Ă  un abattement confortable, la taxation est forfaitaire au delĂ ... Si le contrat fait par exemple, au dĂ©cĂšs, 400 000 euros avec 4 bĂ©nĂ©ficiaires Ă  parts Ă©gales, chacun recevra 100 000 euros sans aucune fiscalitĂ© !

La fiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs : primes versĂ©es aprĂšs 70 ans

En assurance-vie, mieux vaut verser « au maximum Â» avant 70 ans. Elle est moins intĂ©ressante en matiĂšre d’optimisation successorale pour la partie des versements effectuĂ©s aprĂšs cet Ăąge. En effet, l'assurance-vie rĂ©intĂšgre ici la succession. Voici les rĂšgles :

  • La loi prĂ©voit un abattement unique et global de 30 500 euros. Celui-ci s'applique sur toutes les sommes dĂ©tenues en assurance-vie par le dĂ©funt (s'il a plusieurs contrats, il n'y a quand mĂȘme qu'un seul abattement). Cet abattement est partagĂ© entre tous les bĂ©nĂ©ficiaires.
  • Au delĂ  de cet abattement, chaque bĂ©nĂ©ficiaire est taxĂ©, sur la part qu'il reçoit, selon le barĂšme des droits de succession. S'il s'agit d'un tiers par exemple, la taxation sera de 60 % !

Cet abattement de 30 500 euros est cumulable avec l'abattement légal propre à chaque héritier (100 000 euros pour un enfant par exemple).

Enfin, contrairement Ă  ce qu’il se passe fiscalement pour les primes versĂ©es avant 70 ans, l’abattement ne concerne ici que le capital placĂ©. Les gains gĂ©nĂ©rĂ©s par le contrat pour ces versements sont donc exonĂ©rĂ©s (« l’assiette taxable Â» est donc moindre). 

FiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs : l’exception des contrats anciens

Les contrats d'assurance-vie les plus anciens sont encore plus avantageux en matiÚre de fiscalité au décÚs. Ils bénéficient encore, dans certains cas, des "anciennes rÚgles".

L’assurance-vie souscrite avant le 20 novembre 1991

Les contrats d'assurance-vie souscrits avant fin 1991 et encore ouverts aujourd'hui ne sont plus trÚs nombreux. Mais sur le plan fiscal, ils sont "optimaux" au décÚs de l'assuré :

  • Si les primes ont Ă©tĂ© versĂ©es avant le 13 octobre 1998, il n'y aura aucune fiscalitĂ© lors de la transmission des capitaux dĂ©cĂšs ! Peu importent l'Ăąge auquel ont Ă©tĂ© faits les versements, leur montant, les bĂ©nĂ©ficiaires...
  • Pour la part des primes versĂ©es aprĂšs le 13 octobre 1998, la taxation est de 20 % (31,25 % au delĂ  de 852 500 euros) aprĂšs un abattement de 152 500 euros pour chaque bĂ©nĂ©ficiaire. Peu importe que les primes aient Ă©tĂ© versĂ©es avant ou aprĂšs 70 ans. Cela reste donc trĂšs avantageux.

L’assurance-vie souscrite aprĂšs 1991 et alimentĂ©e avant 1998

L'assurance-vie est également intéressante, sur le plan fiscal, si elle a été souscrite aprÚs le 20 novembre 1991 mais que les primes ont été versées avant le 13 octobre 1998. Voici les rÚgles fiscales applicables au décÚs de l'assuré :

  • Pour les primes versĂ©es par l'assurĂ© avant ses 70 ans (et avant 1998), il n'y aura pas de fiscalitĂ© lors de la transmission du capital dĂ©cĂšs !
  • Pour les primes versĂ©es avant 70 ans mais aprĂšs le 13 octobre 1998 : abattement de 152 500 euros par bĂ©nĂ©ficiaire + taxation forfaitaire.
  • Pour les primes versĂ©es aprĂšs 70 ans : abattement global et unique de 30 500 euros, puis droits de succession.

Tableau comparatif de la fiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs

Primes versées avant 1998 avant 70 ansPrimes versées avant 1998 aprÚs 70 ansPrimes versées aprÚs 1998 avant 70 ansPrimes versées aprÚs 1998 aprÚs 70 ans
Souscription avant novembre 1991Pas de fiscalitéPas de fiscalitéAbattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros)Abattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros)
Souscription aprÚs novembre 1991Pas de fiscalitéAbattement de 30 500 euros puis droits de successionAbattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros)Abattement de 30 500 euros puis droits de succession
Fiscalité de l'assurance vie et décÚs : notre tableau récapitulatif

La fiscalitĂ© de l'assurance-vie si le conjoint est bĂ©nĂ©ficiaire 

Le souscripteur-assurĂ© d’un contrat d’assurance-vie peut tout Ă  fait dĂ©signer son conjoint ou partenaire pacsĂ© comme bĂ©nĂ©ficiaire. Le cas Ă©chĂ©ant, la rĂšgle est simple et ultra-profitable : exonĂ©ration fiscale totale. Au dĂ©cĂšs de l'assurĂ©, le conjoint survivant recevra le capital sans supporter le moindre euro de fiscalitĂ©.

Ce principe rĂ©sulte de la loi dite « TEPA » de 2007. Cette rĂšgle fait de l’assurance-vie est un formidable outil d’optimisation successorale si l'on souhaite prioriser son conjoint ou partenaire pacĂ©s.

L'exonération vaut quelles que soient la date de versement des primes ou la date d'ouverture du contrat. Attention toutefois : cela ne "marche pas" pour le concubin (qui reste un tiers sur le plan fiscal).

GrĂące Ă  cette loi TEPA, le souscripteur du contrat peut s'assurer de son vivant que son conjoint / partenaire pacsĂ© sera Ă  mĂȘme de faire face aux consĂ©quences financiĂšres de sa disparition.  

Sous conditions, il est aussi possible que le capital dĂ©tenu en assurance-vie soit transmis sans fiscalitĂ© Ă  un frĂšre / une soeur de l’assurĂ© dĂ©funt. Il faudra pour cela : 

  • Que le frĂšre / la soeur en question soit cĂ©libataire, veuf ou veuve, divorcĂ©(e) ou sĂ©parĂ©(e) de corps, 
  • Qu’il ou elle ait plus de 50 ans ou soit atteint(e) d’une infirmitĂ© l’empĂȘchant de subvenir Ă  ses besoins, 
  • Qu’il ou elle ait habitĂ© sans discontinuitĂ© avec l’assurĂ© pendant au moins 5 ans avant son dĂ©cĂšs. 

La fiscalitĂ© de l’assurance-vie en cas de sortie en rente

Au dĂ©cĂšs de l’assurĂ©, la sortie en capital de l'assurance-vie n'est pas la seule solution. Il est aussi possible de « sortir en rente Â». 

Dans ce cas, la fiscalitĂ© dĂ©pendra de l’ñge du bĂ©nĂ©ficiaire qui percevra la rente. S’il a par exemple moins de 50 ans au moment oĂč il la touche pour la premiĂšre fois, l’imposition se fera sur 70 % de la rente viagĂšre. S’il a plus de 70 ans, elle se fera sur 30 %.  

Exemple de fiscalitĂ© de l’assurance-vie en cas de dĂ©cĂšs

Prenons l’exemple de Monsieur C, mariĂ© et dĂ©tenteur d’un contrat d’assurance-vie ouvert en 2000, valorisĂ© Ă  200 000 euros en 2024 (tous les versements ont eu lieu avant ses 70 ans). 

À son dĂ©cĂšs, et n’ayant jamais touchĂ© Ă  la clause bĂ©nĂ©ficiaire « de base Â» (« mon conjoint, Ă  dĂ©faut mes enfants
 Â»), c’est le conjoint survivant qui recevra les fonds. Depuis la loi TEPA de 2007, le transfert du capital se fait sans fiscalitĂ©. Madame C percevra donc 200 000 euros en totale exonĂ©ration fiscale. 

Dans le cas oĂč les 2 enfants de Monsieur C auraient Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s bĂ©nĂ©ficiaires, ils recevront chacun 100 000 euros (soit une moitiĂ© du contrat), lĂ  encore en totale exonĂ©ration fiscale, du fait de leur abattement personnel de 152 500 euros. 

Enfin, si l’intĂ©gralitĂ© des primes avaient Ă©tĂ© versĂ©es par Monsieur C aprĂšs ses 70 ans, c’est l’abattement unique de 30 500 euros qui serait applicable, lequel se trouverait partagĂ© entre les 2 enfants. Au delĂ  de cette somme, le capital rĂ©intĂ©grerait la succession (et chacun des enfants aurait droit Ă  son abattement de 100 000 euros sur les droits de succession).

Valorisez votre Ă©pargne avec l'assurance-vie

L'assurance-vie est-elle incluse dans la succession ?

L'assurance-vie est traitée hors succession pour la part des primes versées par l'assuré avant ses 70 ans. Pour la fraction des primes versées aprÚs, elle réintÚgre la masse successorale (aprÚs abattement).

La fiscalité de l'assurance-vie en cas de décÚs dépend-elle du bénéficiaire ?

Oui. Si le bénéficiaire est le conjoint ou partenaire pacsé (ou dans certains cas, un frÚre ou une soeur), il reçoit le capital en totale exonération fiscale.

La fiscalité de l'assurance-vie au décÚs est-elle intéressante pour une sortie en rente ?

Oui, car le bénéficiaire de la rente ne sera pas taxé sur l'entiÚreté de la rente viagÚre.

Avez-vous aimé cet article ?

2 commentaires Ă  "FiscalitĂ© d’assurance vie en cas de dĂ©cĂšs : comment ça marche ?"

Rene, le 23 septembre 2022

nous venons de recevoir en heritage 60 000 euros, peut on ouvrir une assurance vie chacun (moi 30 000 , mon epouse 30 000) avec pour bénéficiaires nos deux filles. Et seront elles imposées lors de notre décÚs. merci

RĂ©pondre
Pierre Fruchard, le 10 octobre 2022

Bonjour, vos enfants peuvent Ă©videmment ĂȘtre dĂ©signĂ©s comme bĂ©nĂ©ficiaires de votre contrat d'assurance vie Ă  votre dĂ©cĂšs. D'autre part, le capital disponible leur sera transmis sans droits Ă  payer (hors succession), et ce, lorsque le montant est infĂ©rieur Ă  152 500 € par bĂ©nĂ©ficiaire.

Cordialement

RĂ©pondre


Un expert vous répondra