Lâassurance-vie sĂ©duit toujours en 2024. La popularitĂ© de cette enveloppe dâĂ©pargne sâexplique de nombreuses façons : souplesse dâinvestissement, potentiel de rendement, diversitĂ© des supports disponibles⊠Parmi tous ces avantages, il en est un qui revient souvent : la fiscalitĂ© applicable au dĂ©cĂšs de lâassurĂ©, câest-Ă -dire lorsque le capital est transmis aux bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©signĂ©s.
Valorisez votre Ă©pargne avec l'assurance-vie
Sommaire
Pourquoi l’assurance-vie est-elle idĂ©ale pour optimiser sa succession ?
Lâassurance-vie est une enveloppe dâĂ©pargne, mais pas seulement. Il sâagit aussi dâune excellente solution pour prĂ©parer sa succession future :
- Le souscripteur du contrat choisit son ou ses bĂ©nĂ©ficiaires librement. Il peut mĂȘme dĂ©signer des personnes avec qui il n'a aucun lien de parentĂ© ! Il pourra par exemple s'agir d'un conjoint ou partenaire pacsĂ©, d'un enfant, d'un oncle, d'un ami... Il est donc primordial de bien soigner la "clause bĂ©nĂ©ficiaire" de son assurance-vie.
- Le cadre fiscal spĂ©cifique de l'assurance-vie permet de transmettre, au dĂ©cĂšs, le capital dans d'excellentes conditions ! Les contrats les plus anciens permettent mĂȘme, sous conditions, une transmission de capital en totale exonĂ©ration fiscale !
- Au dĂ©cĂšs de l'assurĂ©, le contrat peut ĂȘtre dĂ©nouĂ© en rente viagĂšre ou en capital. Il y a donc une vraie libertĂ© de choix.
- Si c'est le conjoint ou partenaire pacsé qui est désigné bénéficiaire, il reçoit le capital, au décÚs de l'assuré, sans aucune fiscalité ! Cela est aussi vrai, sous certaines conditions, pour les frÚres et soeurs bénéficiaires.
L’assurance-vie est-elle soumise aux droits de succession ?
L'assurance-vie est le plus souvent traitée "hors succession". ConcrÚtement, le contrat ne rejoindra pas la masse successorale au décÚs de l'assuré. Cela s'avÚre trÚs intéressant pour les bénéficiaires désignés, qui supporteront une fiscalité bien plus douce.
Cette "rĂšgle" selon laquelle l'assurance-vie n'est pas soumise aux droits de succession a quand mĂȘme des exceptions. Pour faire simple :
- L'assurance-vie est traitée hors succession pour les primes versées avant les 70 ans de l'assuré (article 990 I du Code Général des ImpÎts),
- L'assurance-vie réintÚgre la succession pour la fraction des primes versées par l'assuré aprÚs ses 70 ans (article 757 B du Code Général des ImpÎts).
- La date d'ouverture du contrat et la date des versements ont aussi une incidence sur la fiscalité applicable.
Tout cela peut paraßtre un peu complexe, mais les rÚgles ne sont au final pas si compliquées. Pour les contrats "récents" (ouverts il y a moins d'une vingtaine d'années), la rÚgle la plus importante est celle de l'ùge des versements : avant ou aprÚs les 70 ans de l'assuré.
Ăge des versements | Traitement de l'assurance-vie | Abattement(s) et fiscalitĂ© |
---|---|---|
Avant 70 ans | Hors succession | Abattement pour chaque bénéficiaire Fiscalité propre à l'assurance-vie au delà |
AprÚs 70 ans | RéintÚgre la succession | Abattement unique, partagé entre tous les bénéficiaires Droits de succession sur la part reçue par chacun |
Pour que l'assurance-vie puisse ĂȘtre traitĂ©e hors succession (pour les primes versĂ©es avant 70 ans), il faut qu'il y ait un moins un bĂ©nĂ©ficiaire dĂ©signĂ©. Dans le cas contraire, l'assurance-vie rĂ©intĂ©grera la succession et perdra son rĂ©gime fiscal favorable.
La fiscalitĂ© de lâassurance-vie au dĂ©cĂšs : primes versĂ©es avant 70 ans
Le souscripteur alimente son contrat dâassurance-vie Ă son rythme, comme bon lui semble. Ă son dĂ©cĂšs, on distinguera toutefois, pour dĂ©terminer la fiscalitĂ©, les primes versĂ©es avant ses 70 ans de celles versĂ©es aprĂšs. Le rĂ©gime fiscal Ă©tant plus intĂ©ressant pour les primes versĂ©es avant cet Ăąge, mieux vaut faire un versement Ă 69 ans qu'Ă 71.
ConcrĂštement, la fiscalitĂ© de lâassurance-vie au dĂ©cĂšs est trĂšs avantageuse lorsque lâassurĂ© a versĂ© tout ou partie des primes avant de souffler ses 70 bougies. En effet :
- Chacun des bĂ©nĂ©ficiaires dĂ©signĂ©s aura droit, sur la part quâil reçoit, Ă un abattement personnel de 152 500 euros,
- Sâil reçoit plus que cette somme, la taxation ne sera « que » de 20 % (31,25 % pour la fraction qui dĂ©passerait 852 500 euros). Ce taux est bien souvent prĂ©fĂ©rable Ă celui des droits de succession (surtout si le bĂ©nĂ©ficiaire a un lien de parentĂ© "Ă©loignĂ©" avec le dĂ©funt ou pire, qu'il n'en a pas).
Lâabattement de 152 500 euros ne sâapplique que sur les primes versĂ©es avant les 70 ans de lâassurĂ©. Il concerne Ă la fois le capital et les intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©rĂ©s par le contrat.Â
Dans ce cas de figure, lâassurance-vie est utilisĂ©e « Ă son plein potentiel ». Les sommes transmises sont traitĂ©es hors succession, chaque bĂ©nĂ©ficiaire a droit Ă un abattement confortable, la taxation est forfaitaire au delĂ ... Si le contrat fait par exemple, au dĂ©cĂšs, 400 000 euros avec 4 bĂ©nĂ©ficiaires Ă parts Ă©gales, chacun recevra 100 000 euros sans aucune fiscalitĂ© !
La fiscalitĂ© de lâassurance-vie au dĂ©cĂšs : primes versĂ©es aprĂšs 70 ans
En assurance-vie, mieux vaut verser « au maximum » avant 70 ans. Elle est moins intĂ©ressante en matiĂšre dâoptimisation successorale pour la partie des versements effectuĂ©s aprĂšs cet Ăąge. En effet, l'assurance-vie rĂ©intĂšgre ici la succession. Voici les rĂšgles :
- La loi prĂ©voit un abattement unique et global de 30 500 euros. Celui-ci s'applique sur toutes les sommes dĂ©tenues en assurance-vie par le dĂ©funt (s'il a plusieurs contrats, il n'y a quand mĂȘme qu'un seul abattement). Cet abattement est partagĂ© entre tous les bĂ©nĂ©ficiaires.
- Au delà de cet abattement, chaque bénéficiaire est taxé, sur la part qu'il reçoit, selon le barÚme des droits de succession. S'il s'agit d'un tiers par exemple, la taxation sera de 60 % !
Cet abattement de 30 500 euros est cumulable avec l'abattement légal propre à chaque héritier (100 000 euros pour un enfant par exemple).
Enfin, contrairement Ă ce quâil se passe fiscalement pour les primes versĂ©es avant 70 ans, lâabattement ne concerne ici que le capital placĂ©. Les gains gĂ©nĂ©rĂ©s par le contrat pour ces versements sont donc exonĂ©rĂ©s (« lâassiette taxable » est donc moindre).
FiscalitĂ© de l’assurance-vie au dĂ©cĂšs : l’exception des contrats anciens
Les contrats d'assurance-vie les plus anciens sont encore plus avantageux en matiÚre de fiscalité au décÚs. Ils bénéficient encore, dans certains cas, des "anciennes rÚgles".
L’assurance-vie souscrite avant le 20 novembre 1991
Les contrats d'assurance-vie souscrits avant fin 1991 et encore ouverts aujourd'hui ne sont plus trÚs nombreux. Mais sur le plan fiscal, ils sont "optimaux" au décÚs de l'assuré :
- Si les primes ont été versées avant le 13 octobre 1998, il n'y aura aucune fiscalité lors de la transmission des capitaux décÚs ! Peu importent l'ùge auquel ont été faits les versements, leur montant, les bénéficiaires...
- Pour la part des primes versées aprÚs le 13 octobre 1998, la taxation est de 20 % (31,25 % au delà de 852 500 euros) aprÚs un abattement de 152 500 euros pour chaque bénéficiaire. Peu importe que les primes aient été versées avant ou aprÚs 70 ans. Cela reste donc trÚs avantageux.
L’assurance-vie souscrite aprĂšs 1991 et alimentĂ©e avant 1998
L'assurance-vie est également intéressante, sur le plan fiscal, si elle a été souscrite aprÚs le 20 novembre 1991 mais que les primes ont été versées avant le 13 octobre 1998. Voici les rÚgles fiscales applicables au décÚs de l'assuré :
- Pour les primes versées par l'assuré avant ses 70 ans (et avant 1998), il n'y aura pas de fiscalité lors de la transmission du capital décÚs !
- Pour les primes versées avant 70 ans mais aprÚs le 13 octobre 1998 : abattement de 152 500 euros par bénéficiaire + taxation forfaitaire.
- Pour les primes versées aprÚs 70 ans : abattement global et unique de 30 500 euros, puis droits de succession.
Tableau comparatif de la fiscalitĂ© de lâassurance-vie au dĂ©cĂšs
Primes versées avant 1998 avant 70 ans | Primes versées avant 1998 aprÚs 70 ans | Primes versées aprÚs 1998 avant 70 ans | Primes versées aprÚs 1998 aprÚs 70 ans | |
---|---|---|---|---|
Souscription avant novembre 1991 | Pas de fiscalité | Pas de fiscalité | Abattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) | Abattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) |
Souscription aprÚs novembre 1991 | Pas de fiscalité | Abattement de 30 500 euros puis droits de succession | Abattement de 152 500 euros puis taxation à 20 % au delà (31,25 % au delà de 852 500 euros) | Abattement de 30 500 euros puis droits de succession |
La fiscalité de l'assurance-vie si le conjoint est bénéficiaire
Le souscripteur-assurĂ© dâun contrat dâassurance-vie peut tout Ă fait dĂ©signer son conjoint ou partenaire pacsĂ© comme bĂ©nĂ©ficiaire. Le cas Ă©chĂ©ant, la rĂšgle est simple et ultra-profitable : exonĂ©ration fiscale totale. Au dĂ©cĂšs de l'assurĂ©, le conjoint survivant recevra le capital sans supporter le moindre euro de fiscalitĂ©.
Ce principe rĂ©sulte de la loi dite « TEPA » de 2007. Cette rĂšgle fait de lâassurance-vie est un formidable outil dâoptimisation successorale si l'on souhaite prioriser son conjoint ou partenaire pacĂ©s.
L'exonération vaut quelles que soient la date de versement des primes ou la date d'ouverture du contrat. Attention toutefois : cela ne "marche pas" pour le concubin (qui reste un tiers sur le plan fiscal).
GrĂące Ă cette loi TEPA, le souscripteur du contrat peut s'assurer de son vivant que son conjoint / partenaire pacsĂ© sera Ă mĂȘme de faire face aux consĂ©quences financiĂšres de sa disparition.
Sous conditions, il est aussi possible que le capital dĂ©tenu en assurance-vie soit transmis sans fiscalitĂ© Ă un frĂšre / une soeur de lâassurĂ© dĂ©funt. Il faudra pour cela :
- Que le frÚre / la soeur en question soit célibataire, veuf ou veuve, divorcé(e) ou séparé(e) de corps,
- Quâil ou elle ait plus de 50 ans ou soit atteint(e) dâune infirmitĂ© lâempĂȘchant de subvenir Ă ses besoins,
- Quâil ou elle ait habitĂ© sans discontinuitĂ© avec lâassurĂ© pendant au moins 5 ans avant son dĂ©cĂšs.
La fiscalitĂ© de lâassurance-vie en cas de sortie en rente
Au dĂ©cĂšs de lâassurĂ©, la sortie en capital de l'assurance-vie n'est pas la seule solution. Il est aussi possible de « sortir en rente ».
Dans ce cas, la fiscalitĂ© dĂ©pendra de lâĂąge du bĂ©nĂ©ficiaire qui percevra la rente. Sâil a par exemple moins de 50 ans au moment oĂč il la touche pour la premiĂšre fois, lâimposition se fera sur 70 % de la rente viagĂšre. Sâil a plus de 70 ans, elle se fera sur 30 %.
Exemple de fiscalitĂ© de lâassurance-vie en cas de dĂ©cĂšs
Prenons lâexemple de Monsieur C, mariĂ© et dĂ©tenteur dâun contrat dâassurance-vie ouvert en 2000, valorisĂ© Ă 200 000 euros en 2024 (tous les versements ont eu lieu avant ses 70 ans).Â
Ă son dĂ©cĂšs, et nâayant jamais touchĂ© Ă la clause bĂ©nĂ©ficiaire « de base » (« mon conjoint, Ă dĂ©faut mes enfants⊠»), câest le conjoint survivant qui recevra les fonds. Depuis la loi TEPA de 2007, le transfert du capital se fait sans fiscalitĂ©. Madame C percevra donc 200 000 euros en totale exonĂ©ration fiscale.
Dans le cas oĂč les 2 enfants de Monsieur C auraient Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s bĂ©nĂ©ficiaires, ils recevront chacun 100 000 euros (soit une moitiĂ© du contrat), lĂ encore en totale exonĂ©ration fiscale, du fait de leur abattement personnel de 152 500 euros.
Enfin, si lâintĂ©gralitĂ© des primes avaient Ă©tĂ© versĂ©es par Monsieur C aprĂšs ses 70 ans, câest lâabattement unique de 30 500 euros qui serait applicable, lequel se trouverait partagĂ© entre les 2 enfants. Au delĂ de cette somme, le capital rĂ©intĂ©grerait la succession (et chacun des enfants aurait droit Ă son abattement de 100 000 euros sur les droits de succession).
Valorisez votre Ă©pargne avec l'assurance-vie
L'assurance-vie est traitée hors succession pour la part des primes versées par l'assuré avant ses 70 ans. Pour la fraction des primes versées aprÚs, elle réintÚgre la masse successorale (aprÚs abattement).
Oui. Si le bénéficiaire est le conjoint ou partenaire pacsé (ou dans certains cas, un frÚre ou une soeur), il reçoit le capital en totale exonération fiscale.
Oui, car le bénéficiaire de la rente ne sera pas taxé sur l'entiÚreté de la rente viagÚre.
2 commentaires Ă "FiscalitĂ© dâassurance vie en cas de dĂ©cĂšs : comment ça marche ?"
Rene, le 23 septembre 2022
nous venons de recevoir en heritage 60 000 euros, peut on ouvrir une assurance vie chacun (moi 30 000 , mon epouse 30 000) avec pour bénéficiaires nos deux filles. Et seront elles imposées lors de notre décÚs. merci
Pierre Fruchard, le 10 octobre 2022
Bonjour, vos enfants peuvent Ă©videmment ĂȘtre dĂ©signĂ©s comme bĂ©nĂ©ficiaires de votre contrat d'assurance vie Ă votre dĂ©cĂšs. D'autre part, le capital disponible leur sera transmis sans droits Ă payer (hors succession), et ce, lorsque le montant est infĂ©rieur Ă 152 500 ⏠par bĂ©nĂ©ficiaire.
Cordialement
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